"Ni Suzanne, ni moi ne nous sommes pris pour des héros, mais nous avons tout
simplement fait notre devoir avec crainte et tremblement."
PAUL ET SUZANNE LE JOUR DE LEUR MARIAGE (CARMAUX) |
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PHOTO HAUT A DROITE : PIERRE B. ET MADELEINE ALRIC (SOEUR DE SUZANNE). |
J'ai connu Suzanne
et sa soeur Madeleine au temple. En effet, bien qu'étant de famille catholique
elles préféraient les protestants. Suzanne est entrée aux éclaireuses ainsi que sa soeur. La maman, madame Alric, tenait
une petite épicerie et le papa était contremaître dans une usine d'électricité à Albi (17 km de Carmaux). Tous deux ont caché
une fillette du nom de Marylou Rosencwayg (avec laquelle nous sommes resté en
relation).
Suzanne et moi nous sommes mariés le 29 octobre 1942 à Carmaux, après cela, Suzanne nous a secondé dans
toutes nos activités clandestines avec une très grande discrétion et beaucoup d'efficacité !
Malheureusement, les
premiers témoignages reçus ne la mentionnaient pas, mis à part celui de notre ami Albert Delord.
J'aurais dû, à cette époque 'revoir la copie'... mais j'étais passablement troublé par un cancer du larynx qui venait de se
déclarer et je suivais un traitement éprouvant.
Sans l'avoir dit explicitement, Suzanne aurait aimé être associée
à la reconnaissance du peuple Juif. Depuis le 'départ' de mon épouse en décembre 1994, j'ai sans cesse vécu ce regret,
aussi, ai-je fait le nécessaire pour que, malheureusement à titre posthume, la reconnaissance du peuple Juif lui soit comme
à moi, accordée.
Ni Suzanne, ni moi ne nous sommes pris pour des héros, mais nous avons tout simplement fait notre
devoir avec "crainte et tremblement" parfois, mais après bien des années, nous sommes heureux d'avoir su choisir la bonne
attitude. Si cette attitude est reconnue publiquement aujourd'hui c'est tant mieux, car elle peut alors servir d'exemple (dans
une certaine mesure). Tous ceux qui ont participé au sauvetage de Juifs et autres personnes recherchées par les Nazis
ne peuvent oublier cette époque... c'est comme si tous ces évènements dataient d'hier. De plus, nous sommes tous restés
sensibles à l'injustice et la pauvreté, cherchant constament à aider ceux qui pouvaient avoir besoin de nous (même s'il est
arrivé que l'une ou l'autre fois nous nous soyons fait berner par certains !).
Paul Haering
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LA MEDAILLE DES JUSTES DE SUZANNE HAERING |
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