2005 - Témoignage de Louis
Pidhorz en faveur d’Isidore et Alice Ribas :
Je soussignée Pidhorz Israël
Louis, certifie les faits suivants :
Avant la guerre, mes parents, domiciliés Gde rue à Piennes (54), exerçaient la profession
de commerçants.
Mon père, en France très probablement
depuis les années 1932 – 1933 avait débuté par être marchand ambulant toujours dans la même branche de confection (immatriculation du 19.07.1933 à Briey - 54 - et registre du commerce du 24/07/1933).
Après son mariage le 16.01.1936
(Paris XII°), il devait créer un magasin de confection, bonneterie, chapellerie et vente de fourrures (registre du commerce
du 28.06.1938 de Briey et déclaration modificative du 01.06.1938). Ce magasin dénommé « Aux galeries Henri » se
situait rue principale ou gde rue à Piennes. Notre appartement était loué à Mr et Mme Fehrembacher. Son activité était prospère.
Deux enfants devaient naître
de cette union : moi-même le 11.09/1937, et ma sœur Régine le 29.02.1940.
La fermeture de ce magasin
devait survenir le 09 ou 15 mai 1940, et mon père s’negageait dans l’infanterie à Bar-le-Duc. Il devait être démobilisé
le 14.08.1940 à Septfonds, canton de Caussade.
La proximité de Carmaux explique
que ma mère devait habiter au 34, puis au 38 rue Jean Jaurès, ainsi que les documents de démobilisation et plus tardivement
la déclaration de réouverture du magasin à Piennes en juillet 1945 en attestent.
En ce qui me concerne, les
deux enfants que nous étions, nous étions cachés avec un groupe d’enfants juifs près de Châteauroux (sous le couvert
de l’OSE ou de l’UGIF). Je fais des recherches actuellement pour localiser cet endroit.
Profitant d’une visite de
notre mère, nous avons quitté Châteauroux fin 42 pour rejoindre Carmaux.
Jusqu’à la fin de la guerre
mon père s’est caché, travaillant soit à la mine, soit dans les vignes proches. Ma sœur Régine a été cachée par
une famille protestante Mr et Mme Ribas pour une période prolongée.
Durant ces sombres années, rafles
et dénonciations ont émaillé le cours de la vie de cette petite ville nous obligeant maman et moi à nous cacher fréquemment
et m’empêchant (obligeant ?), ainsi qu’en atteste le cahier de notes mensuelles que je possède, à manquer
les cours à l’école Victor Hugo durant de longue périodes.
La maison des Ribas, auquel était
attenant un petit jardin, se situait selon mon souvenir derrière une grande avenue perpendiculaire à notre rue Jean Jaurès,
dans un environnement pavillonaire.
La maison et la famille Ribas étaient
accueillantes. Régine était considérée comme leur petite fille, elle était heureuse, propre, très bien habillée et bien nourrie.
Elle n’a jamais mentionné la moindre critique à leur égard, appelant même Mme Ribas « tantine », qualificatif
qu’elle devait garder de nombreuses années, même après notre retour à Piennes en juillet 1945.
Je me souviens que nous allions
avec maman voir ma sœur, très rarement, toujours brièvement, et qu’on m’avait appris depuis notre arrivée
dans la ville à ne jamais dire qu’il s’agissait de ma sœur.
Régine faisait véritablement partie
de cette famille et n’a jamais eu à souffrir d’un quelconque prosélytisme de leur part.
Pendant de nombreuses années,
après notre retour en Lorraine, mes parents ont envoyé des présents à cette famille pour les remercier de l’aide inestimable
qu’ils nous ont apportée au péril de leur vie.
Certificat établi pour servir
et valoir ce que de droit, le 15.02.2005
L.
Pidhorz